Modop pour la transformation de conflits - Mot-clé - Terrorisme2019-09-25T09:46:49+02:00urn:md5:cd773729c81f4609efbb87626d18ee2dDotclear"Le terrorisme, une histoire globale", par Arnaud Blinurn:md5:4e3a3981353746fedc58cfdd977a5d402016-05-12T12:08:00+02:002017-10-04T10:27:01+02:00adminTerrorisme<p><strong>Arnaud Blin</strong>, président de Modus Operandi, historien et politologue, a publié dans le numéro du mois de mai de Sciences Humaines, un article intitulé <strong><a href="http://www.scienceshumaines.com/le-terrorisme-une-histoire-globale_fr_36103.html#achat_article">"Le terrorisme, une histoire globale"</a></strong></p> <p><strong>Arnaud Blin</strong>, président de Modus Operandi, historien et politologue, a publié dans le numéro du mois de mai de Sciences Humaines, un article intitulé <strong><a href="http://www.scienceshumaines.com/le-terrorisme-une-histoire-globale_fr_36103.html#achat_article">"Le terrorisme, une histoire globale"</a></strong></p>
<p>Dans cet article, Arnaud Blin porte un regard historique sur la nature et l'évolution du terrorisme : de l'usage politique de la terreur dès le 1er siècle par les Sicarii, à l'omniprésence du religieux dans sa version moderne, le terrorisme actuel n'est pas fondamentalement différent d'antan, il reste <em>"l'arme de jeunes hommes marginalisés par une société en profonde mutation"</em>.
L'évolution principale tient d'avantage au contexte de globalisation et de multiplication des flux dans lequel il intervient à l'heure actuelle : flux de personnes, de fonds, d'armes, de communication... Autant de moyens facilitant l'organisation et la portée des actes terroristes, sans toutefois que leurs auteurs parviennent à les exploiter à des fins politiques.</p>
<p>Chercheur associé à l’Institut français d’analyse stratégique (Igas), Arnaud Blin a récemment dirigé, avec Gérard Chaliand, <strong><a href="http://www.irenees.net/bdf_fiche-documentation-701_fr.html">Histoire du terrorisme de l’Antiquité à Daesh</a></strong>, Fayard, 2015.</p>Attentats du 13 novembre : le Nouveau Totalitarismeurn:md5:c1016d40ed7c1408210ca001e5997fdc2015-12-17T22:43:00+01:002017-10-04T10:28:03+02:00adminCommunauté internationaleDaeshONURéseaux citoyensSociété civileTerrorismeTotalitarismeUE<p>Les attentats de Paris du 13 novembre se sont ajoutés à ceux de Beyrouth la veille et à l’explosion d’un aéronef russe quelques jours plus tôt. Ailleurs dans le monde, chaque semaine voit son lot de victimes du terrorisme. La plupart de ces attentats sont commis par des groupes islamistes combattants. <strong>L’islamisme radical combattant, Al-Qaeda, Daech ou autre, constitue le nouveau totalitarisme.</strong></p> <p>Les attentats de Paris du 13 novembre se sont ajoutés à ceux de Beyrouth la veille et à l’explosion d’un aéronef russe quelques jours plus tôt. Ailleurs dans le monde, chaque semaine voit son lot de victimes du terrorisme. La plupart de ces attentats sont commis par des groupes islamistes combattants. <strong>L’islamisme radical combattant, Al-Qaeda, Daech ou autre, constitue le nouveau totalitarisme.</strong> L’idéologie qu’il véhicule, son appel à la violence, la manière dont il bafoue toutes les règles de la moralité, y compris l’éthique de l’Islam, le rapproche en tous points des totalitarismes des années 30. Déjà, ces totalitarismes, qu’ils soient « de droite » ou « de gauche », usaient de la terreur pour imposer leur pouvoir. Ce nouveau totalitarisme lui aussi fonde son emprise sur la misère, le désespoir et l’incurie des dirigeants politiques en place. Comme tous les totalitarismes, il est insidieux, et dangereux. Il sait user de la propagande, comme naguère Goebbels et Cie, il sait cibler les symboles de la civilisation qu’il prétend détruire. Bien qu’il soit militairement faible, la menace qu’il fait peser sur nous n’en est pas moins grande.</p>
<p><strong>La responsabilité des pays occidentaux dans l’émergence de ces groupes est attestée.</strong> L’incapacité de nos pays à intégrer plusieurs générations d’immigrants est incontestable. Nos politiques prédatrices sont bien entendu critiquables à tous points du vue. Mais ne confondons pas nos errements et ne mettons pas tout sur le même plan. Car nos idéaux restent ceux de la liberté et de l’équité alors que l’adversaire ne propose que l’obscurantisme et la terreur.</p>
<p><strong>Il n’est pas facile de combattre la pieuvre totalitaire.</strong> Mais face à cet ennemi, il ne faut pas hésiter, ni tergiverser. Nous avons les moyens de le combattre et de le détruire : mais en avons-nous la volonté ? Comme dans les années 1930, l’usage de la violence nous répugne mais l’ennemi nous contraint à l’exercer. L’usage de la force est nécessaire quand la négociation est impossible. Mais ça n’est qu’un premier pas. Car l’enjeu, c’est d’abord, et surtout, d’intégrer toute une région de la planète au projet commun de l’humanité toute entière. Sans cela, ces pays comme la Syrie, La Libye et d’autres encore, qui sont en phase de décomposition, produiront davantage de violence encore et de nouveaux Daech émergeront qui voudront eux-aussi détruire la vie et la civilisation.</p>
<p>Il convient donc impérativement de <strong>revoir nos modes opératoires car il faut nous donner les moyens d’agir de concert</strong>, avec toutes les ressources que les uns et les autres peuvent fournir. Aujourd’hui, suite aux attentats, la voix de l’ONU est inaudible et seuls les gouvernants d’une poignée de pays – toujours les mêmes – se fait entendre. L’Union Européenne elle aussi est silencieuse. Certes, les forces militaires d’une petite coalition peuvent éradiquer Daech sur le terrain. Mais après ? Seront-elles à même d’assurer la paix ? D’évidence, elles ne le pourront, ni ne sauront comment la maintenir durablement. Pour cela, c’est la communauté internationale qui devra se mobiliser pour aider les institutions locales et la société civile à reconstruire l’Etat et la société, qui devra établir les institutions susceptibles de prévenir d’autres conflits. Mais l’organisation de la communauté internationale n’existe quasiment pas aujourd’hui. Or,<strong> il est grand temps de mobiliser les sociétés civiles et les réseaux citoyens, d’institutionnaliser les mécanismes d’une nouvelle gouvernance mondiale</strong> pour que cesse l’horreur et que, une fois encore, les forces de la liberté anéantissent le mal totalitaire.</p>
<p><em><strong>Arnaud Blin</strong>, Co-directeur du FnGM/FDM, vient de publier Histoire du Terrorisme, de l’Antiquité à Daech aux Editions Fayard (avec G. Chaliand).</em></p>Et l’origine des terroristes commettant le plus d’attaques dans le monde est...urn:md5:7c87ceff1f75385add99c3209db9b47a2015-01-23T16:07:00+01:002015-01-23T16:14:11+01:00adminTerrorisme<p>Un article publié le 18 janvier 2015 dans la Revue Atlantico : <a href="http://www.atlantico.fr/decryptage/et-origine-terroristes-commettant-plus-attaques-dans-mondeest-alain-blin-1958758.html" hreflang="fr" title="http://www.atlantico.fr/decryptage/et-origine-terroristes-commettant-plus-attaques-dans-mondeest-alain-blin-1958758.html">http://www.atlantico.fr/decryptage/et-origine-terroristes-commettant-plus-attaques-dans-mondeest-alain-blin-1958758.html</a>, et dont l'auteur est <strong>Arnaud Blin</strong>, politologue, spécialisé dans l'étude des conflits et plus spécifiquement du terrorisme.</p> <p><em>Selon les statistiques d'Europol, sur les 5 dernières années 2 % des attaques terroristes en Europe ont été perpétrées pour des "raisons religieuses". La majorité de ces actes sont le fait de groupes séparatistes.</em></p>
<p><strong>Atlantico : Depuis 15 ans, l'actualité voit régulièrement l'irruption de terroristes islamistes. Or, selon une étude dirigée par l’organisme intergouvernemental Europol, seulement une minorité des attaques terroristes survenues en Europe proviendraient de terroristes radicaux se revendiquant d'une religion : 2%. Pourquoi sommes-nous davantage marqués par les attentats perpétrés par les terroristes islamistes ?</strong></p>
<p><strong>Arnaud Blin :</strong> Ce qui frappe dans l'étude, c’est le rapport (pour 2013) entre le nombre peu élevé de victimes (7) d’un côté, et le nombre d’attentats (152) et d’arrestations (535) de l’autre. Mais pour 2015, le nombre de victimes a déjà plus que doublé par rapport à ce chiffre. Europol s’intéresse à l’UE et on voit des tendances similaires aux Etats-Unis par exemple même si l’attentat le plus retentissant des dernières années fut celui de Boston, organisé par deux frères qui revendiquaient leur islamisme militant.
En 2014, le Canada et l’Australie ont subi des attaques à caractère religieux particulièrement violentes, d’où l’impression, partiellement justifiée par ces faits, que les attaques terroristes sont principalement du fait de terroristes radicaux musulmans. Cette impression est par ailleurs renforcée par les attentats qui ont lieu ou ont eu lieu dans d’autres régions du monde et sont le fait de groupes revendiquant plus ou moins directement leur militantisme islamique. Cela va de la Tchétchénie aux Ouighurs, du Nigéria aux divers groupes rattachés à Al Qaeda en Afrique ou dans la péninsule arabique, à l’Indonésie, au Proche Orient, etc… Sans parler même de ce qui se passe en Syrie, en Irak ou au Pakistan et en Afghanistan, où les victimes, fort nombreuses, sont en majorité des musulmans. Il y a donc un effet d’accumulation qui se superpose aussi au choc du 11 septembre 2001 et des attentats de Madrid et de Londres.
Tout ça pour dire qu’il faut regarder les choses à plus long terme et de manière plus globale que l’instantané fourni par les données d’Europol. Surtout, il faut garder en tête que le terrorisme se définit par son caractère psycologico-émotionnel et que la perception des faits et leur impact est beaucoup plus important que les données brutes. Et même si une majorité des attentats est motivée par des considérations séparatistes et que, en conséquence, la plupart des auteurs de ces actes ne sont pas des combattants islamistes, cela ne change pas grand-chose à la donne. Ce qu’il faut voir, c’est qu’une bombinette sur un bungalow en Corse ne va pas avoir la même charge émotionnelle que la tuerie de Charlie Hebdo. En matière de terrorisme, tout est dans le caractère de l’attentat et les séparatistes corses, par exemple, sont tout à fait conscients qu’un attentat trop violent nuirait à leurs intérêts et serait contre productif. Au contraire, dans la mesure où les militants islamistes cherchent à briser une société entière, leurs attentats vont avoir un caractère intolérable. Contrairement à ce qu’on pense souvent, les terroristes ne cherchent pas nécessairement à commettre l’acte le plus violent ou le plus atroce mais celui susceptible de provoquer une réaction en rapport avec leurs objectifs, politiques ou autres.</p>
<p><strong>Qui sont à l'heure actuelle les principaux terroristes dans le monde ?</strong></p>
<p>Il faut tout d'abord s’entendre sur ce qui constitue un attentat terroriste. Est-ce que, par exemple, les actes de terreurs commis par des groupes maffieux tombent dans cette catégorie ? La réponse à cette question, et d’autres semblables, donnera des résultats très différents. Des listes des principaux terroristes dans le monde existent, compilées par des services de renseignement ou des universitaires. Le plus intéressant avec ce type de liste, c’est de voir les tendances à moyen et long terme. Historiquement, ce qu’on voit, c’est que les motivations changent avec la période : au tournant du 20e siècle, ce sont les anarchistes qui dominent, durant l’entre deux-guerres, ce sont les groupuscules d’extrême droite téléguidés par des gouvernements, puis, après la guerre, les groupes indépendantistes, suivis dans les années 60-70 par les groupuscules d’extrême- gauche et puis par les islamistes radicaux à partir des années 1980.
Pour autant, ni les anarchistes, ni les indépendantistes/séparatistes, ni les groupes d’extrême-gauche ou d’extrême droite n’ont disparu pour autant. Au Chili, par exemple, un groupuscule anarchiste a récemment revendiqué un attentat. Mais chaque période voit une dominante et on constate malheureusement que le terrorisme a la vie dure.
Pourquoi les autres types de terrorisme sont-ils moins visibles ? Est-ce que les médias ont tendance à davantage couvrir les actes terroristes perpétrés par les Musulmans ? Pourquoi quelle raison ?
Aujourd’hui, en terme d’impact, ce sont les islamistes qui font la Une et c’est le caractère de leurs actes qui fait qu’ils sont logiquement ciblés par les médias. C’est d’ailleurs ça qu’ils recherchent. Une stratégie consisterait à ignorer ces attentats, avec le risque que le prochain attentat soit encore plus violent. Mais dans un monde dominé par la communication, ça n’est pas vraiment réaliste. L’autre réponse, la meilleure à mon sens, est la réponse citoyenne qu’on a pu voir en France le 11 janvier avec une couverture médiatique importante mais globalement à la hauteur de l’événement et très digne. D’ailleurs, quelle meilleure réponse que d’identifier l’événement au 11 janvier plutôt qu’au 7 janvier?
L’autre raison pour laquelle les autres attentats sont moins visibles, c’est la peur qu’ont les autres groupes désormais d’être assimilés aux islamistes. C’est l’un des rares effets positifs de ces attentats et on en a vu les conséquences à Madrid, notamment, où les séparatistes basques avaient été initialement accusés d’avoir commis l’attentat. Après, ils se sont singulièrement calmés... Comme le terrorisme fait traditionnellement partie de l’arsenal séparatiste, on commet toujours des attentats, mais ils sont plus mesurés. Moins spectaculaires, ils attirent moins l’attention des médias.</p>
<p><strong>Pourquoi la menace terroriste islamiste est-elle considérée la plus importante par les responsables antiterroristes ? Font-ils plus de victimes ? Quels types de dommages causent les autres terroristes ?</strong></p>
<p>Elle est la plus importante parce que derrière, il y a une organisation qui, avec d’autres moyens, n’hésiterait pas à augmenter le degré de violence. Donc, il est impératif de stopper ou tout au moins d’endiguer la menace avant qu’elle n’augmente. Avec divers sanctuaires protégés, Al Qaeda ou Daech ont des réserves humaines et des ressources conséquentes. Il ne s’agit pas ici de quelques individus isolés comme avec Action Directe ou la bande à Baader. Récemment, en Occident tout au moins, le nombre de victimes a été relativement limité mais n’oublions pas les milliers de victimes irakiennes, syriennes ou nigérianes, sans parler des 3000 morts de New York et Washington. N’oublions pas non plus que les Tigres Tamouls au Sri Lanka ou les FARC en Colombie ont provoqué dans un passé récent la mort de milliers de personnes.
Demain, d’autres groupes avec des revendications nouvelles peuvent émerger et provoquer de gros dégâts, d’autant que la lutte terroriste consiste essentiellement à identifier des réseaux et qu’un nouveau groupuscule agit, au début du moins, au-dessous du radar de la police.</p>
<p><strong>La menace est aussi jugée comme plus importante parce que les objectifs des islamistes combattants sont de casser une société ou même une civilisation là ou d’autres ont des objectifs beaucoup plus limités qui se confinent généralement à un pays ou une région.</strong>
<strong>Y a-t-il un consensus à travers les Etats sur la notion de terrorisme ? Pourquoi la communauté internationale n'a jamais réussi à s'entendre sur cette notion ?</strong></p>
<p>Il n’y a pas vraiment de consensus au niveau de la définition puisqu’avec une définition large, on pourrait taxer certains Etats comme les Etats-Unis de mener des campagnes de terreur à l’extérieur. Israël, notamment, est jugé par certains comme un « Etat terroriste », notion inacceptable pour une partie de la communauté internationale.</p>