INTERVIEW - Pour Cyril Musila, chercheur associé à l'IFRI et spécialiste de l'Afrique centrale, la communauté internationale aurait dû anticiper l'élection gabonaise bien en amont afin d'éviter les irrégularités et les affrontements.

LE FIGARO. - Au regard de la campagne de 2009, déjà entachée d'irrégularités, pouvait-on prévoir le dénouement de cette élection?

Cyril MUSILA - Oui, car en général, en Afrique centrale, un gouvernement qui est en place gagne les élections. Pour la simple raison que c'est lui qui les organise. Il n'y a guère que le Bénin et le Sénégal qui échappent à cette règle. Il y a beaucoup de moyens de tricher, par exemple, au niveau de la constitution du fichier électoral: à qui donne-t-on des cartes de vote, à qui n'en donne-t-on pas? Il y a eu des aberrations dans cette élection gabonaise. J'ai pu consulter une étude très sérieuse qui montrait, par exemple, que dans un village de 65 habitants, il y avait 65 votants, c'est-à-dire que les enfants étaient comptabilisés comme électeurs. Il est également possible de tricher au moment du dépouillement des voix, ou encore du recensement des résultats bureau par bureau. C'est un mal dont souffre l'Afrique centrale. C'est aujourd'hui le cas au Gabon, ce le sera malheureusement, si rien n'est fait, dans quelques mois, en République démocratique du Congo.

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