En empruntant au vocabulaire de Sheldon Pollock, l’imaginaire impérial européen s’est déployé dans d’autres espaces géographiques du monde, suivant une logique dominatrice qui faisait de ses savoirs, un référentiel à prétention universelle. C’est ainsi qu’ont pu être justifiées les missions civilisatrices des sociétés occidentales et qu’ont pris corps les premiers dispositifs d’« injustice épistémique ». Cet imaginaire impérial européen nous conduit à interroger les lieux d’énonciation du savoir. Les savoirs énoncés en un lieu tendent à se sacraliser ou à se fétichiser. Quand bien même nous sommes dans des espaces de rencontre, ces savoirs sont très souvent en position hiérarchique et semblent réduire le monde à leur seule grille de lecture. D’ailleurs, Bernard Dadié nous offre un raccourci saisissant lorsqu’il écrit, « … intelligence et génie ne sont pas l’apanage d’une race, d’une couleur. Or le blanc, hors de son continent, voudrait tout ramener à lui, tout subordonner à sa couleur ». L’urgence serait donc de sortir d’une conception monopolistique des ou du lieu d’énonciation du savoir pour entrevoir, comme nous le rappelle Achille Mbembé, « cette possibilité de circulation et de rencontre d’intelligibilités différentes que requiert la pensée-monde ».

L’échange prendra ancrage des enseignements issus d’une expérimentation pédagogique à l'IEP, la portée des deux premières éditions des ateliers de la pensée à Dakar ; de la pensée de J-M Ela ou de la pratique sociologique de J-M Ela.