Syrie : « Le meilleur cadeau que l’on peut faire aux djihadistes serait de maintenir Bachar al-Assad aux commandes »

Alors qu’elle semblait plutôt bienveillante avec la dictature syrienne, l’administration Trump a bombardé, dans la nuit du 6 au 7 avril, une base militaire du régime. Comment expliquer un tel revirement, et quelles en sont les conséquences ? Si Bachar al-Assad venait à tomber, l’Europe serait-elle plus exposée au terrorisme ? L’opposition syrienne n’est-elle, comme on l’entend parfois, plus composée que de groupes djihadistes ? La tendance révolutionnaire et démocratique est-elle encore en capacité de se relever malgré un conflit qui a provoqué six millions d’exilés, sept millions de déplacés internes, 500 000 morts et 200 000 disparus ? Pour répondre à ces questions, qui touchent autant à l’avenir de la Syrie qu’à celui des sociétés européennes, Basta ! s’est entretenu avec le politologue franco-libanais Ziad Majed, spécialiste du Proche-Orient.

Basta ! : Comment expliquer le revirement soudain de l’administration Trump, qui a récemment bombardé une base militaire du régime syrien, alors qu’elle semblait, à peine quelques jours plus tôt, beaucoup plus accommodante avec celui-ci ?

Ziad Majed : Il y a plusieurs éléments d’explication. D’abord, l’administration Trump n’a pas de vision claire sur la question. Une tendance, en son sein, prône un désengagement en Syrie et au Moyen-Orient, en conservant une priorité : la lutte contre Daech. Cela fait du maintien ou non de Bachar al-Assad une question secondaire. Une autre tendance est caractérisée par son hostilité envers l’Iran. Celle-ci ne peut s’exprimer en Irak, où les États-unis sont alliés à Téhéran par l’intermédiaire du gouvernement de Bagdad, et des combats contre l’État islamique. Elle peut cependant s’exprimer en Syrie, où l’expansion des Iraniens, dont les groupes armés sont omniprésents, énerve les américains. Une volonté d’endiguer cette situation expliquerait leur changement d’attitude vis-à-vis d’Assad.

Ensuite, Donald Trump affiche une volonté de se démarquer de son prédécesseur....

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