« Sur l'intervention à proprement parler, le problème est simple : à partir du moment où les islamistes menaçaient de prendre le pouvoir et l'on risquait, outre un Mali talibanisé, une déstabilisation de la zone et, possiblement - mais je reste circonspect personnellement - un sanctuaire pour tous les terroristes de la planète, la menace, du point de vue de nos dirigeants, était trop importante pour risquer un nouvel Afghanistan. Dès lors, seuls la France et les États-Unis étaient en mesure de répondre rapidement et efficacement à cette menace. Or, il fallait y aller tout de suite sans quoi c'était beaucoup plus compliqué, ne serait-ce que d'un point de vue légal. Dans cette perspective, Hollande a fait à mon avis un sans faute, d'autant qu'il a mis le rôle des troupes maliennes en avant alors qu'elles n'ont pas contribué au refoulement. Maintenant, le plus dur reste à faire et tout ça est extrêmement fragile. Si la France s'éternise, ça donnera un arrière-goût colonialiste. Hollande va s'extirper rapidement s'il le peut - quitte à revenir plus tard. On peut toujours critiquer mais il était difficile de rester les mains dans les poches et une fois la décision prise, je vois mal comment il aurait pu s'y prendre autrement. Cela dit, j'applaudis les critiques, même mal fondées, qui empêchent les dérives. Quant aux Américains, ils ne savent pas trop quoi dire et je crois qu'ils sont interloqués qu'un autre pays ait pris les devants là où, habituellement, c'est Uncle Sam qui se retrousse les manches. Quant à l'ONU et l'UE, ils étaient comme d'habitude aux abonnés absents... »

« Par ailleurs, je ne fais absolument pas partie de la masse d'observateurs qui pense que le terrorisme est lié aux inégalités socio-économiques, à un choc de civilisations ou d'idéologies ou qu'il faille "traiter le problème en profondeur et non les symptômes." Le terrorisme est un problème essentiellement politique lié à des luttes de pouvoir et il doit être traité comme tel. »

Par Arnaud Blin, président de modop