« Du migrant au sujet politique. La condition des personnes à la recherche d’un refuge », documentaires sonores
Être aux côtés de celles et ceux qui viennent d’arriver en France avec le désir de s’y installer conduit rapidement au constat que leur parole est empêchée. Elle est enserrée dans une série de contraintes qui révèlent une forte asymétrie dans nos positions : d’une part, ceux qui parlent – parce qu’ils sont « chez eux », ont les codes de la socialisation, maîtrisent la langue, ce qui leur donne une plus grande confiance, etc. – et, d’autre part, ceux qui ne parlent pas, ou pas librement. Ainsi, le recueil de cette parole suppose au préalable la création d’espaces protégés pour qu’elle puisse se construire progressivement, collectivement et affranchie de l’injonction à se légitimer. Nous présentons deux initiatives qui tentent de rendre possible la prise de parole.

Les mots des autres Création issue de l’atelier radiophonique A plus d’une voix portée par l’association Modus Operandi. C’est en discutant des procédures d’asile et des enjeux géopolitiques que les participants se sont interrogés sur le sens des mots. À force de vouloir trouver un sens à chaque mot, on s’est tous perdus dans la multitude de leurs significations. Nos échanges ont d’abord révélé cette confusion, pour montrer ensuite comment s’impose avec violence l’injonction à se justifier d’être là. Être étranger aujourd’hui c’est devoir continuellement expliquer pourquoi on est venu ; c’est parfois même devoir raconter pourquoi on est parti, on a fui, surtout quand on est en demande d’asile. Comme si ces informations étaient publiques.

Manuel pour les habitants des villes : Nous sommes dans la frontière Documentaire sonore réalisé par le collectif Précipité entre 2003 et 2010 « Foyer Emmaüs, 355 rue des Pyrénées, Paris. Depuis plusieurs années, ce foyer, comme beaucoup d’autres, comprend une grande majorité de personnes étrangères. Nous proposons de réfléchir avec eux sur l’idée de frontière. Nous parlons d’« atelier de témoignages », d’« enquête » pour expliquer notre démarche. Il s’agit moins de travailler sur un thème que de créer les conditions d’un travail collectif. Plus précisément de faire émerger la possibilité d’une prise de parole à l’intérieur du lieu et de tout construire à partir de là. Ensuite, nous verrons bien… »