Regards croisés sur l'asile: Déconstruire les préjugés pour reconstruire la réforme
Par Karine Gatelier le mercredi, mars 4 2015, 15:53 - Lien permanent
Modop s'est associée à l'association Accueil Demandeurs d'Asile (ADA, Grenoble) pour réfléchir avec des réfugiés à une nouvelle façon d'appréhender la question de l'asile, dans le contexte particulier de la réforme de la loi sur l'asile en France.
Réunis dans un cycle d'ateliers d'expression, sur une durée de six semaines, une douzaine de réfugiés, demandeurs d'asile et déboutés, ont partagé avec une intervenante de chaque association leurs expériences et leurs connaissances mutuelles sur la demande d'asile. En croisant les regards, nous cherchions à mieux rendre compte des situations vécues et des conséquences que le projet de loi pourrait avoir.
Associées aux analyses juridiques de l'ADA et à l'approche socio-anthropologique des conflits sociaux de modus operandi, ces expériences composent ce livret, dans le but d'élargir les perspectives pour inviter à penser autrement l'action politique.
Modop s'est associée à l'association Accueil Demandeurs d'Asile (ADA, Grenoble) pour réfléchir avec des réfugiés à une nouvelle façon d'appréhender la question de l'asile, dans le contexte particulier de la réforme de la loi sur l'asile en France.
Réunis dans un cycle d'ateliers d'expression, sur une durée de six semaines, une douzaine de réfugiés, demandeurs d'asile et déboutés, ont partagé avec une intervenante de chaque association leurs expériences et leurs connaissances mutuelles sur la demande d'asile. En croisant les regards, nous cherchions à mieux rendre compte des situations vécues et des conséquences que le projet de loi pourrait avoir.
Associées aux analyses juridiques de l'ADA et à l'approche socio-anthropologique des conflits sociaux de modus operandi, ces expériences composent ce livret, dans le but d'élargir les perspectives pour inviter à penser autrement l'action politique.
Le point de départ de cette méthode est le constat que l'action publique, et l'asile n'y déroge pas, repose sur une connaissance souvent parcellaire des situations qu'elle entend traiter, et où domine une logique unilatérale. Dès lors, elle peut rater sa cible voire être contre-productive. Or, des méthodologies des sciences sociales et des outils de l'éducation populaire peuvent contribuer à en améliorer la connaissance. L'idée de la co-écriture repose sur la reconnaissance d'une diversité de savoirs à articuler entre eux. Ces différents savoirs appartiennent à trois champs qui agissent et évoluent en parallèle sans se rencontrer naturellement et fréquemment. Il s'agit des savoirs issus de la connaissance académique, issus des pratiques, d'actions et d'engagement, et enfin issus de l'expérience et du vécu. Dans notre société, ces trois types de savoirs sont organisés hiérarchiquement. Pour les combiner, dans le respect de leur apport et des personnes qui les portent, la première démarche est de refuser, pour la déconstruire, cette hiérarchisation. En horizontalisant les savoirs, on permet de les faire dialoguer et on se donne une chance de construire une compréhension plus complète d'une réalité sociale forcément complexe. Cette démarche puise dans plusieurs registres : celui de la co-formation, car les porteurs de ces savoirs multiples s'enrichissent mutuellement en échangeant ; celui de la recherche, car cette connaissance ainsi formulée s'articule aux méthodes des disciplines académiques des sciences sociales ; enfin celui de la co-construction des politiques publiques, si la démarche se prolonge jusqu'à formuler des propositions d'action.
Dans ce cadre, les ateliers d'expression, en donnant la parole aux réfugiés, ont cherché à améliorer la connaissance de la procédure d'asile en vue de prendre part au débat sur la réforme de l'asile, de formuler des propositions pour changer les pratiques de l'administration, des professionnels, mais aussi des associations et des politiques.