Pourtant, admettre que nous avons tous et toutes des positions situées, des « positionnalités » c’est avant tout dire que les corps prennent place dans nos relations et nos espaces sociaux. Car une posture, si elle peut être employée dans un sens métaphorique, est avant tout une attitude physique, d’une personne ou d’un groupe. Interroger les corps dans ce qu’ils cachent ou dans ce qu’ils disent, c’est sonder notre premier véhicule au monde. Car nous n’avons pas un corps, mais plutôt nous sommes des corps.

Aujourd’hui la poésie, la philosophie et les sciences humaines et sociales partent de ce postulat : l’expérience du monde laisse sur nous des empreintes, des traces. Ainsi, être genré, racisé, minorisé, n’est-ce pas avant tout mettre en corps de manière plus ou moins consciente des postures conformes à ce que la société attend de nous ? Dès lors, quels sont les processus qui nous font incorporer – littéralement mettre en corps- des savoirs, au point que celui-ci soit un palimpseste de connaissances ?

Enfin, le corps demande aussi à être considéré comme un outil de dialogue, de transgression, de refus d’assignation ou d’oppression. Si bien que la question désormais célèbre que pose G.Spivak sur la possibilité des subalternes à parler et à être écoutée, soulève des interrogations fondamentalement corporelles. Qui peut parler, avec quels corps, quelles postures, quelles écoutes ? Comment comprendre l’intersectionnalité en interrogeant les corps ? Mais aussi comment trouver sa voix propre dans la multitude des discours quand certains savoirs font autorité ?

Cet atelier se propose d’interroger le corps comme lieu de savoir et le théâtre comme enquête de la complexité. Un atelier de recherche-création afin de libérer les corps pour rencontrer l’autre autrement, et débattre des rapports de force consubstantiels aux savoirs, afin qu’ils ne soient pas la réserve gardée d’une classe possédante.