Le cœur des propos de Nasima Moujoud portait sur la rhétorique faisant du sexisme l’apanage des quartiers populaires ou des populations descendantes des sociétés ex-colonisées, surtout celles qui sont majoritairement musulmanes, s’impose en France depuis notamment le début des années 2000. Elle est parfois interprétée sous le prisme de l’actualité immédiate. Or, elle a une longue histoire qui isole des objets identiques. Le préjugé de statut inférieur des femmes indigènes était en effet fortement utilisé par les colons comme dans le savoir colonial pour légitimer la domination et dénigrer les sociétés colonisées, comme le montre, entre autres, Franz Fanon dans l’An V de la révolution algérienne (1959). Avant de voir de quelle manière le contexte français des années 2000 réactualise cette rhétorique, ainsi que certains de ses principaux objets, j’évoque brièvement la migration postcoloniale comme « fille de la colonisation » ainsi que le passage idéologique du racisme de couleur, ou racisme colonial, au racisme culturel qui, comme à l’époque coloniale, utilise les femmes à des fins de domination. Je montrerai enfin que le processus de mise en avant des droits des « autres » femmes n’a jamais signifié la mise en place de politiques favorables à leur égard.

L'intégralité de son intervention et les réponses du public sont à retrouver dans le cahier n° 5 du cycle "Pour (se) comprendre", qui porte sur la question "Que reste-t-il du passé colonial", organisé par l'Université populaire de la Villeneuve dont Modus Operandi est partie prenante. Cahier_numero_5.pdf