Repenser le monde avec Césaire, Fanon et Glissant
Par Claske Dijkema le Dimanche, novembre 4 2018, 17:25 - Lien permanent
Lors de la soirée-débat de l'Université populaire de la Villeneuve "Repenser le monde avec Césaire, Fanon et Glissant", qui avait lieu le 22 janvier 2018, Kenjah nous proposait de repenser le monde à travers d'une sélection des textes des penseurs anti-coloniales, tous d'origine caribéenne. Une petite centaine de personne se sont penchés sur des citations de Aimé Césaire, Frantz Fanon et Edouard Glissant, que chacun pouvait commenter selon ses sensibilités. Cette soirée était organisée dans le cadre du cycle "Que reste-t-il du passé colonial ?" (2017-2018) dont l'objectif est de poser la question de la pertinence du passé colonial pour comprendre le présent et d'imaginer notre futur.
Kenjah expliquait d’abord l’intérêt du cycle « que reste-t-il du passé colonial » de l’Université populaire de la Villeneuve et situe la France dans une phase décoloniale depuis 2015.
« Le programme « Que reste-t-il du passé colonial ? » est important pour plusieurs raisons : la plus importante, c’est que nous sommes entrés depuis 2015 dans la phase décoloniale. Une phase où un certain nombre d’analyses sur le fonctionnement de la société, de l’État et du capitalisme, vont puiser dans l’expérience coloniale. Elle suit celle des mouvements sociaux, qui s’est construite sur l’analyse des luttes sociales de manière classique. On a eu l’impression qu’il y a eu une juxtaposition de ces analyses sociales du contexte national et puis de l’histoire et de la géographie un peu lointaine. En France, en général, la dimension coloniale est perçue comme concernant des pays et des territoires lointains ainsi qu’une histoire passée. Le propre du moment décolonial c’est de réintégrer cette dimension historique et géographique au sein même de l’hexagone et de la société française. Ceci est fait par plusieurs cheminements, notamment les dépassements des analyses en terme de racisme moral, c’est-à-dire qui essayaient d’accuser X, Y, Z d’être raciste. Il existe tout un nombre d’analyses qui essayent de montrer que ce n’est ni pertinent ni efficace d’essayer d’analyser le racisme à travers les individus et d’avoir une position morale sur le racisme. Ce qui est plus intéressant et plus décisif pour la société, c’est d’essayer de déconstruire le fonctionnement social et systémique du racisme pour s’apercevoir que ce dernier va puiser dans une histoire à travers laquelle l’État français s’est constitué. Il est important de réintroduire l’histoire coloniale de la France dans une compréhension de ce qu’est devenu l’État et où il va aujourd’hui. Ce n’est pas un hasard si ce moment décolonial coïncide avec celui de l’islamophobie et d’un durcissement policier de la société. »
Pour un compte-rendu complète des débats Cahier_numero_6.pdf
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